lundi 17 décembre 2007

Pourquoi sommes-nous si pauvres?

En d’autres termes, comment se fait-il que le Cameroun soit aussi pauvre alors qu’il recèle d’importantes richesses en manière de:

• Ressources naturelles minières (pétrole, gaz naturel, bauxite, cobalt, nickel, fer, diamants, or, etc....) ;

• Ressources naturelles agricoles d’exportation (cacao, café, caoutchouc, coton, huile de palme, sucre, riz, banane, thé, bois, etc..) ;

• Ressources naturelles agricoles vivrières (ananas, arachide, plantain, choux, haricot, macabo, manioc, pistache, gombo, igname, mil, oignon, pastèque, patate, pomme de terre, etc....) ;

• Ressources humaines (64,8% de la population a moins de 25 ans) !

Les fausses explications « eurocentrites »

Plusieurs théories ont été développées dans les années 1960 et 1970 par les occidentaux pour tenter d’apporter une explication et proposer des solutions à la situation absurde de l’Afrique.

Sans rentrer dans les détails, des trois théories que nous présentons, il ressort que pour :

Les tenants de la « théorie de la modernité », le développement est une question de culture, il s’agit du passage de la culture traditionnelle à la culture moderne. La pauvreté du Cameroun est censée être causée par la résistance et l’inadéquation des systèmes de valeur traditionnels au progrès sous tous ses aspects. La politique de développement préconisée par ce modèle est une politique de modernisation, économique, politique, sociale et surtout culturelle. Puisque pour ce modèle, une société est d’autant plus moderne que les valeurs, qui orientent les conduites y sont plus universalistes, donc moins particularistes. Cette politique est appliquée au Cameroun depuis le début des années 1960 !

Tandis que pour les tenants de la « théorie de la compétition », l’extrême pauvreté du Cameroun est tout simplement due à un excès d’interférence de l’Etat sur la rationalité économique. La politique de développement préconisée par ce modèle est le passage d’une rationalité politique à une rationalité économique, il s’agit donc par exemple de privatiser les entreprises publiques, de suivre les lois du marché et de libéraliser toute l’économie ! Cette politique est appliquée au Cameroun depuis 1989, date de la mise sous ajustement structurel du pays !

Enfin, pour les tenants de la « théorie du conflit », la grande pauvreté du Cameroun proviendrait d’un Etat plus ou moins dictatorial qui étouffe les conflits, et donc la société civile, entraînant comme résultat un manque de dynamisme créant du développement. La politique de développement préconisée ici est le passage d’un régime dictatorial à la démocratie et au respect des Droits de l’Homme, car la conflictualité qui en découle mène à une dynamique culturelle, sociale, politique et économique et donc au développement ! Cette politique est appliquée au Cameroun depuis 1990 avec l’avènement du multipartisme!

Cependant, comme on peut très bien le remarquer, toutes les explications développées dans le cadre de ces trois théories ont cherché à démontrer que les causes de la grande pauvreté du Cameroun sont exclusivement endogènes. Autrement dit, que nous sommes responsables de notre misère à cause notamment de notre « mentalité primitive » qui nous rend inapte à tout progrès !

L’objectif recherché ici est de nous culpabiliser et nous faire basculer dans la fatalité afin non seulement de nous dépouiller en totalité du sens de notre vie, de nos responsabilités, de notre liberté de penser, de faire, de créer, d’imaginer et d’inventer. Mais aussi de détruire toute volonté de notre part de vouloir assumer la totalité de notre vie sociale, économique, politique, intellectuelle et spirituelle afin de nous imposer sans aucune résistance comme c’est le cas actuellement des « soi-disant » voies de développement qui ne sont rien d’autre que la fidèle reproduction des étapes de l’histoire de l’industrialisation des sociétés développées du Nord.

Pourtant l’absurdité de ces théories est illustrée dans leurs propres fondements :

D’abord, le Cameroun n’est pas une image des pays développés à un stade antérieur puisque nous faisons partie d’un système mondial qui a forgé notre structure ;

Ensuite, les facteurs culturels ou religieux ne sauraient expliquer l’état de pauvreté du Cameroun puisque le peuple camerounais n’est pas foncièrement traditionnel !

Mais, malgré ces lourds défauts, ces trois théories restent les seules et les plus répandues dans l’idée même de développement que se fait l’ «industrie de l’aide » des puissances impérialistes !

Il n’est donc pas étonnant de constater qu’à force de s’entêter à vouloir imposer au Cameroun un modèle de progrès et de connaissance basés sur l’expérience occidentale, le Cameroun ait été complètement déstructuré et présente aujourd’hui le profil d’un pays qui sort de 47 ans de guerre !

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